Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Reçue à Grenoble, le 05 mars 1573.
2Monseigneur, je n’ay volu failhir vous escripre estant arrivé
3en ceste ville avec ma compagnie. J’ay vizitté la ville avec
4messieurs les consulz et recherché ce que pourroict importer
5pour la garde d’icelle ; tellement que avois trouvé ung
6petit bastiment qu’est joinct aux muralhes de ladite ville
7et hors de la ville à ung particulier d’icelle, faict
8la tenture par le moyen duquel l’on pourroict
9facillement dresser une escallade ou sappe de ladite
10maison ; que comme au long vous en advertissent
11lesditz consulz, je ne l’ay volu faire abatre, encor
12qu’elle soit bien prejudiciable à la garde de la
13ville, sans recepvoyr vous commandementz. J’ay prié
14messieurs les consulz de la ville de faire accomoder
15leurs murailhes à celle fin que les rondes puissent
16passer à l’entour desdites murailhes, et des
17santinelles. Ilz les font acoustrer tant qu’ilz
18peuvent que sera une grande asseurance pour la ville,
19mais qu’il soit achevé. Je ne suis faict bailher
20le nombre aux consulz de ceulx qui ne sont pas
21catholizés. Et quand à ceulx qui font la garde
22de la ville ilz n’ont aulcunes armes qu’ung baston
23blanc qu’ils portent à la garde. Si vous seigneurie
24treuvoyt bon que je leur commandasse d’avoyr des
25commandemens. Il y a en ceste ville deux saulpetriers
27qui sont de la relligion qui ont faict vante de quelque
28somme de saulpètre à sertains marchans de Lion
29qui se disoient d’estre commissaires du roy. Cependant
30[210 v°] j’ay esté adverty qu’il en ont vendu ailheurs mesmes
31à de marchans de Roumans. Parquoy, s’il plaisoit
32à votre seigneurie que je ne laissasse sortir aulcung
33salpètre ne pouldre sans bonne sertiffiance
34et asseurance de ceulx que le recoyvent pour le service
35rechercher les armes par toutes les maisons
37des huguenotz suspectz à quoy n’ay volu bouger
38sans entendre vouz commandementz. L’on m’a
39adverty que ceulx de la relligion hont envye de
40se saysir de Bourdeaulx et encores qu’il soit ung
41peu desmantellé, il seroit aysé à le fortiffier
42bien tost à ce qu’on m’a dict, actendu aussy la
43bonne volenté de ceulx de la ville que tienent
44fort le nez, que seroit chose que fascheroit tout
45ce pays. Messieurs les consulz m’aviont prié de recepvoyr
46de ceulx qui sont catholizés à la garde pour les mesler
47parmy les autres, de quoy je n’ay volu faire sans en
48advertir votre seigneurie. Ceulx qui sont catholizés
49m’ont prié de leur voloyr permettre de achepter des armes
50à quoy je ne leur ay faict responce sans recepvoyr voz
51commandemantz. Il n’y a autre chose de noveau, monseigneur,
52qui merite vous escripre en attendant vous commandementz,
53comme celuy qui desire vous faire très humble service. Je fineray
54la presente, priant Dieu,
55monseigneur, qui vous doinct santé, très heureuse et longue
56vie et à moy ce bien que de vous demeurer très humble
57serviteur. A Dye, ce IIIe de mars 1573.
58Votre très humble et très hobeyssant serviteur
59Mayres